Wednesday, September 06, 2006

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Les vétements-ordinateurs prêts à porter débarquent en masse, annonçant l’explosion des vétements et accessoires textiles intelligents de demain.

Jérôme Plantevin

Jeans ou chaussure iPod. Blousons GPS. Sac à dos téléphone. Les plus grands fabricants de vêtements et d’accessoires textiles de la planète n’ont d’yeux ces derniers mois que pour les vêtements-ordinateurs prêts à porter (wearable computer en anglais). Levi Strauss vient de dévoiler son RedWire DLX, un nouveau modèle de jeans conçu pour accueillir le baladeur iPod d’Apple. Un joystick est intégré à la poche porte-clé. Un emplacement spécial pour les haut-parleurs a été aménagé tandis que le iPod se place dans es poches frontales plus larges. L’américaine O’Neill commercialise depuis quelques temps ses sacs à dos H2 Solar qui intègrent des batteries solaires sur lesquelles peuvent se brancher un téléphone cellulaire. Le sac dispose aussi de prises sans fil pour les écouteurs et un panneau de contrôle sans fil. En juillet, c’était autour de Nike de tâter le domaine en lançant des chaussures intelligentes iPod. Un capteur placé sous la semelle intérieur mesure l’allure, la distance, le temps écoulé et les calories brûlées puis transmet sans fil cette information à un récepteur placée dans un iPod nano, permettant au coureur de recevoir une rétroaction audio en temps réel tandis qu’il écoute sa musique favorite.

Des wearable computer plus fiables

« Les wearable computer représentent la première étape de la révolution des vêtements intelligents électroniques », explique Jacek Mlynarek, président et directeur général du Groupe CTT, le Centre des technologies textiles et géosynthétiques affilié au Cégep de Saint-Hyacinthe. « C’est un marché appelé à exploser », ajoute M. Mlynarek. Les grands fabricants de vétements et d’habillement l’ont compris et M. Mlynarek espère que les entreprises québécoises les imiteront.
Dans un vêtement wearable computer, l’ordinateur, le téléphone ou le lecteur numérique est décomposé en général en trois éléments individuels -le système d’affichage, qui peut être un simple écran incorporé dans des lunettes, le système d’entrées et de sorties et l’unité centrale relié aux batteries. Ces éléments sont ensuite répartis autour du corps dans ou sur un tissu. « Les wearable computer ne datent pas d’hier [Bell Canada en avait testé en 2001 pour ces techniciens], mais aujourd’hui, ils semblent avoir atteint un degré de maturité intéressant », indique M. Mlynarek. Il y a quelques années, ils étaient pesants et les éléments électroniques étaient trop rigides. Aujourd’hui, ces éléments sont plus souples et ils sont mieux intégrés aux vêtements ce qui fait que ceux qui les portent ressemblent moins à des cyborgs.

« Les wearable computer d’aujourd’hui sont aussi plus fiables bien que des progrès restent encore à faire notamment ce qui a trait à leur durabilité lors du nettoyage du vêtement », ajoute M. Mlynarek. Selon la société de recherche IDC, le nombre de wearable computers vendus aux États-Unis devraient atteindre les 1,39 million en 2008, soit 6 fois plus qu’en 2003.

Un acteur du wearable computer bientôt au Québec

Le Québec compte peu de joueurs dans le domaine des vêtements électroniques, mais cela pourrait changer. Une entreprise européenne spécialiste de microélectronique intégrée aux vêtements devrait ouvrir prochainement avec l’aide du Groupe CTT une filiale dans la province. L’annonce sera faite en octobre prochain lors de la sixième édition de l’Exposition Hightex sur les textiles à valeur ajoutée. « La filiale canadienne dont je préfère taire le nom aujourd’hui proposera ses services techniques et sa technologie de microélectronique aux entreprises nord-américaines de vêtements et du textile », dit M. Mlynarek « J’ai bon espoir qu’elle serve aussi de catalyseur pour stimuler les chercheurs de la province ainsi que les entreprises qui s’intéressent aux vétements intelligents. »

Joanna Berzowska, directrice du laboratoire de recherche Extra-Soft Labs (XS Labs) et professeur adjoint en design et art numérique à l’Université Concordia, n’a pas attendu 2006 pour s’intéresser aux vêtements électroniques. Elle travaille depuis quatre ans à concevoir des vêtements « dans lesquels l’électronique est intégrée à 100%. » La chercheur, également membre de l’Institut montréalais de recherche-création en arts et technologies médiatiques Hexagram s’intéresse en particulier aux textiles électroniques, des tissus filés ou tissés qui possèdent des capacités de transport d’énergie et d’interconnection électrique et électronique. De nombreux centres de recherche dont le Georgia Institute of Technology à Atlanta s’intéressent comme elle aux textiles électroniques, notamment pour concevoir des tenues militaires de camouflage capables de changer de couleur selon l’environnement. Des entreprises privées planchent également sur les textiles électroniques pour concevoir des produits permettant la détection à distance de signes vitaux. L’américaine VivoMetric, par exemple, a conçu sa LifeShirt, une veste qui renferme des électrodes permettant de mesurer le rythme cardiaque, et des bandes conductrices qui suivent le mouvement du coeur et des poumons en mesurant les variations de leurs champs magnétiques.

Des robes qui bougent

« Nous, pour notre part, travaillons sur des vêtements de mode dont certains éléments décoratifs bougent après avoir été stimulé électriquement, explique la jeune femme de 33 ans. Nous devrions faire un défilé dans un an avec la designer Diana Mainstone.» XS Labs planche aussi sur des tissus muraux qui changent de couleur ou encore qui affichent des images ou des motifs différents. « Ils pourraient être commercialisables tout de suite, mais ils sont encore réalisés à la main et ils coûtent cher, 10 000 $US pour un tissu mural de deux mètres coûte 10 000 $US et une courte pointe qui affichent des images 20 000$US. »

Les vêtements intelligents de Mme Berzowska sont tissés en trois dimensions et incorporent des fils conducteurs et/ou à mémoire de forme comme les fils de nitinal et de petits composantes électroniques. « Ces textiles tissés ont des problèmes de fiabilité, dit Mme Berzowska. Par exemple, si on les plie, il peut y avoir des courts-circuits. C’est pourquoi l’avenir est dans l’utilisation de fibres intelligentes qui incorporent déjà des propriétés électroniques. » Les travaux en nanotechnologie devraient aider les recherches de Mme Berzowska. Ces travaux visent à doter les textiles de capacités particulières. Une fois transformés, ces derniers s’adapteront en transformant leur forme, leur pouvoir d’isolation, leur coloration, leur élasticité lorsqu’on les soumet à des stimulis externes comme un changement de températures, de champs électriques ou magnétiques ou un éclairage ou des couleurs ambiantes différentes. Plusieurs chercheurs travaillent aussi à modifier les fibres textiles pour leur donner des facultés cognitives comme l’enregistrement et le stockage de données, d’envoyer des signaux ou d’en recevoir, et même de devenir des intermédiaires de communication à distance. « Il reste à inventer ces fibres et les entreprises d’ici peuvent en tirer des bénéfices », indique M. Mlynarek.

Publié par Jérôme Plantevin à 12:24 PM

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